Fraternité : tout ce qui est dialogue est bon

« Nous sommes tous responsables du dialogue » écrivait Mgr Pontier, Président de la conférence des Evêques de France, s’exprimant sur les évènements actuels, comme de nombreux évêques. Ceux de Normandie avaient publié une tribune dans la presse :

Retrouvez les différents textes en cliquant ici

Faut-il payer l’impôt à César ?

Dans un texte commun, les 6 évêques de Normandie lancent un appel au dialogue…

« Faut-il payer l’impôt ? » Les chrétiens connaissent la question posée à Jésus dans l’Evangile. Sa réponse est davantage connue : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Cette maxime est souvent interprétée pour demander aux croyants de réserver leur foi à Dieu et de se comporter comme tous les autres citoyens pour le reste. Les évêques de Normandie n’entendent pas dicter des décisions, encore moins donner des leçons. Conscients des enjeux qui dépassent toute frontière, ils proposent quatre réflexions. Comme Jésus et tous l’ont compris, la question réelle de l’impôt en cache bien d’autres.

Notre première réflexion est un appel à cesser toute violence. Celle-ci a des formes manifestes, physique ou verbale, et d’autres plus subtiles. L’injustice, le mépris ou l’ignorance sont aussi des violences. Mais une violence n’en justifie pas une autre. Comment arrêter l’engrenage ? Il n’y a pas d’autres moyens que l’humilité, la reconnaissance de l’autre, et le désarmement. Chacun peut éviter de mettre de l’huile sur le feu, dans ses conversations et par son attitude. Mieux, soyons convaincants auprès de notre voisin tenté par la violence.

La deuxième réflexion est le corolaire de cet appel : tout ce qui est dialogue est bon. La sortie de crise ne se fera pas si on considère qu’il s’agit d’un face à face entre citoyens et gouvernants où chacun serait sommé de choisir son camp. Les sondages clivant n’aident pas davantage. Nous encourageons les chrétiens, les hommes et les femmes de bonne volonté à participer à tout débat. Dans ces débats, les corps intermédiaires que sont la famille, l’école, les associations, les organisations syndicales, les partis politiques, les collectivités territoriales, les institutions doivent être reconnus, sans oublier les nations voisines ou plus lointaines.

Une troisième réflexion est le double impératif de la transition écologique et de la transition solidaire. Le Pape François a vu juste en répétant « tout est lié » dans « Laudato Si ». Il y propose une écologie intégrale, le respect de la planète et le développement de l’humain. Pour le chrétien, comment penser un Dieu créateur qui enjoindrait de choisir entre le respect de la planète et la solidarité entre les hommes ? Pour autant, ni l’écologie ni la solidarité ne se trouvent dans la consommation devenue obsédante pour tous, ceux qui doivent survivre, ceux qui sont dans la crainte de perdre du pouvoir d’achat ou en veulent toujours plus, ceux qui ont perdu toute mesure dans l’argent ostentatoire.

Une quatrième réflexion est de faire confiance aux véritables énergies renouvelables que sont le cœur et la raison de tout être humain, et la richesse de la vie commune. C’est ce que nous appelons « des énergies spirituelles ». Prendre soin des enfants, des jeunes, des personnes malades et en fin de vie, aimer, préserver, encourager la famille, reconnaître les leviers de la générosité et de tout ce qui fait le vrai bonheur de la vie en société sont aussi une œuvre politique. Penser l’économie sans la fraternité est stérile.

Faut-il payer l’impôt ? Jésus voit juste en complétant la réponse : ce ne sera jamais suffisant, si nous ne rendons pas à Dieu ce qui lui appartient, l’honneur d’être de sa famille fondée sur l’amour. Quand les chrétiens disent à Dieu « Notre Père », ils ne veulent et ne peuvent exclure personne. Leur prière se fait plus intense et plus fraternelle à l’approche de Noël.

Les évêques de Normandie : Jean-Claude Boulanger (Bayeux-Lisieux), Jean-Luc Brunin (Le Havre), Jacques Habert (Séez), Laurent Le Boulc’h (Coutances et Avranches), Dominique Lebrun (Rouen), Christian Nourrichard (Evreux).

A quelques jours de Noël, la conférence des Évêques proposent aux chrétiens de susciter des groupes d’échanges, partout où ce sera possible, et suggèrent cinq questions.  Lisez le texte de l’appel en cliquant ici

Guillaume Houdan, Diacre, relaye l’appel aux catholiques du diocèse à offrir un espace pour faire grandir la fraternité

 La crise dite « des gilets jaunes » a révélé un malaise très profond et très ancien.

L’Eglise de France appelle les paroisses, mouvements, aumôneries et associations de fidèles « à offrir un espace pour faire grandir la fraternité »[1].

Cet appel rejoint ceux que notre évêque, Mgr Dominique Lebrun,  nous lançait  à l’occasion de ses lettres de la Toussaint. Plus que jamais nous sommes appelés à vivre comme « des frères et des sœurs »[2].

C’est pourquoi je relaie cet appel de l’Eglise de France et vous invite à susciter partout où cela est possible des groupes d’échanges fraternels et de propositions très largement ouverts.

Pour ce travail, vous pouvez prendre appuis sur les cinq questions proposées dans l’appel du conseil permanent (document joint), et en particulier la première et la quatrième :

1/ Quelles sont selon vous, en essayant de les hiérarchiser, les causes principales du malaise actuel et des formes violentes qu’il a prises ?

4/ Quel « bien commun » recherché ensemble pourrait fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ?

Afin de ne pas en rester à une simple rencontre informelle, je vous suggère également de transmettre vos réponses à vos élus, en n’hésitant pas à les rencontrer, et/ou de me les envoyer afin que j’en rédige une synthèse et m’en fasse le relais (ghoudan.dioceserouen@orange.fr).

Oui, soyons cette « maison de famille fraternelle et accueillante » pour aider notre société à surmonter la crise qu’elle traverse.

Guillaume Houdan
Diacre, délégué diocésain auprès du monde politique et des élus